Cantique des cantiques, poème des poèmes
NOIRE, BELLE
Moi, noire, harmonieuse.
Ne me voyez pas, moi, la noirâtre: oui, le soleil en moi s’est miré.
Tes joues sont harmonieuses dans les pendeloques, ton cou dans les gemmes.
Nous ferons pour toi des pendeloques d’or, avec des pointes d’argent.
Te voici belle, ma compagne, te voici belle aux yeux palombes.
Soutenez-moi d’éclairs, tapissez-moi de pommes: oui, je suis malade d’amour.
Lève-toi vers toi-même, ma compagne, ma belle, et va vers toi-même !
Oui, voici, l’hiver est passé, la pluie a cessé, elle s’en est allée.
Les bourgeons se voient sur terre, le temps du rossignol est arrivé, la voix de la tourterelle s’entend sur notre terre.
Le figuier embaume ses sycones, les vignes en pousse donnent leur parfum.
Lève-toi vers toi-même, ma compagne, ma belle, et va vers toi-même !
Ma palombe aux fentes du rocher, au secret de la marche, fais-moi voir ta vue, fais-moi entendre ta voix !
Oui, ta voix est suave, ta vue harmonieuse.
Qui est celle qui monte du désert, comme palmes de fumée, encensée de myrrhe et d’oliban, de toutes les poudres du colporteur ?
Qu’elles sont belles, tes étreintes, ma fiancée, qu’elles sont bonnes tes étreintes, plus que le vin !
L’odeur de tes huiles plus que tous les aromates !
De nectar, elles dégoulinent, tes lèvres, ma fiancée !
Le miel et le lait sous ta langue, l’odeur de tes robes; telle l’odeur de l’oranger !
Jardin fermé, ma fiancée, onde fermée, source scellée !
Tes effluves, un paradis de grenades, avec le fruit des succulences, hennés avec nards;
Nard, safran, canne et cinnamome avec tous les bois d’oliban; myrrhe, aloès, avec toutes les têtes d’aromates !