Le roi Zidane
Balle et vie de la planète football sous tous les cieux, cet artiste du ballon, Zinedine Zidane, est le plus médiatisé, mais surtout le plus brillant officiant de la cérémonie sportive universelle que le football s’offre dès que s’organise une partie, jeu de position et stratégie géopolitique.
Des quartiers nord de Marseille et la Castellane, ce jeune français, surdoué de la vie en toutes es manifestations, vit avec sa besace de valeurs, transmises par la famille, proto-méditerranéenne, par ses origines. De club en équipe de sélection, de promesse en progrès, de match en match, un joueur qui réalise des prouesses mais d’abord un athlète sérieux, intelligent, sportif jusqu’au bout : solidaire, visionnaire, parfois téméraire, toujours pour les besoins de la collectivité, avec fierté et grâce.
D’étape en étape, Zizou, comme le disent ses amis et désormais, toute une Nation, est passé de rangs cadets aux juniors, souvent avec l’admiration et l’affection de ses maîtres, et ensuite, une histoire de fée. Ses succès, fruit d’un travail sur soi et avec les coéquipiers, l’ont conduit au grade de professionnel du ballon rond, officiellement. Il l’était avant, tant son éthique et sa conscience de classe, celle des ouvriers du foot, ont toujours fait de lui un être hors du commun.
Leader par choix et surtout en majesté d’exemple, Zinedine Zidane est courtisé assez vite par les meilleures entreprises du foot international. En équipe de France où il a plus de 115 sélections, il s’impose par son jeu appliqué et généreux, mais d’abord par son caractère, sa personnalité d’homme franc, direct, juste et discret. Zidane ne cesse, perfectionniste de nature, de consacrer énergie et temps à son art. Il développe, depuis quinze ans, une panoplie variée de figures footballistiques nouvelles et des spécialités issues d’un talent si élevé et à la fois polyvalent, qu’il est devenu, à lui seul, un fiduciaire iconoclaste de la quintessence du génie des dieux de l’univers FOOT.
Sa morphologie, ses dribbles, ses passements de jambes d’une rare finesse, et sa frappe aussi ouverte et multiple qu’une mélodie de Mouloudji ou des vers de Kateb Yacine, de Charles Péguy, des phrases de Jacques Derrida, des lettres d’Albert Camus ainsi que semblable aux accents de Assia Djebar et de Léopold Sédar Senghor. Cette frappe qui produits les courbes qui porteront désormais son nom, que lui seul génère en frappant, tant de la droite que de la gauche, des balles arrêtées sur coup-franc ou alors lors des envolées subtiles des ballons qui montent et prennent des trajectoires exquises quand Zinedine Zidane transforme les coups de pied de coin, connus sous le vocable de corners.
Enfin, le joueur complet, le sportif de tous les exploits, le champion qui éclate en Coupe du Monde, celle de 1998, capitaine d’une troupe nationale aux ballets élégants, dont les prestations, du premier match à celui du jour de la finale, un 12 juillet inoubliable, furent écrites en notes d’or sur le papier à musique du chef d’orchestre Zizou. Baguette au pied, il fut le héros en marquant les buts décisifs, faisant écho à ceux des coéquipiers, dont le but retentissant de Lilan Thuram en ½ finale. Ces faits de sportif de Zidane resteront gravés dans la mémoire centrale des légendes du foot universel. Il devint l’idole vivante des fans du ballon rond du monde entier, en cette occasion d’exception, les matches des phases finales de la Coupe du monde de 1998 quand il inscrivit, de la tête cette fois, un but d’anthologie face au Brésil. Exploit galvanisant encore en 2006, par son but en conclusion d’un Espagne-France des 1/8e de finales, une mélodie douce et cinglante aux oreilles de ses détracteurs, qui, trop tôt l’envoyait à la retraite, comme joueur phénoménal, synthèse d’une manière de jouer au football, comme il en apparaît, une fois par siècle au sein de cet univers qui se fie à l’espace et défie le temps, mort.
Zinedine Zidane, moderne, artiste et athlète de la balle, règne depuis quelques années, et mieux depuis désormais, en monarque démocrate, de la planète foot. Le roi Zizou.