« Je sais quel est le prix de l’adaptation et de l’intégration, de combien de travail et de ressources internes il faut disposer pour arriver à un équilibre psychique. »
Maria Dudek œuvre au cœur du tissu le plus fin de l’humanité, elle est psychologue, membre de la Corporation professionnelle des psychologues du Québec depuis 1989 et elle vit au pays depuis bientôt 20 ans. Née en Pologne, elle y a obtenu une maîtrise en psychologie, spécialisation clinique à l’université de Wroclaw en 1975. Son action a consisté, d’une part à se perfectionner de manière continue, notamment en matière de syndrome du stress postraumatique, de diagnostic et sur les techniques d’intervention de crise et de traitement clinique, et, d’autre part, se consacrer aux clientèles provenant de différents milieux ethniques. Pour mettre au service de toute les communautés son talent, son expertise et agir en toute connaissance de cause, là où elle peut contribuer pleinement au développement de la société, Maria Dudek fonde la Maison multiethnique Myosotis en 1991.
L’aventure de la santé mentale, de la prise en charge des difficultés, des traumatismes des personnes déplacées, des nouveaux immigrants et des réfugiés est importante. Pour Maria Dudek, le soutien le plus intime aux plus fragiles est l’action stratégique la plus déterminante de construction d’une société plurielle. Maria Dudek en explique la genèse : « Avec un groupe de thérapeutes originaires de différents pays, je commence un travail bénévole au centre communautaire en santé mentale. Un centre conçu par nous pour desservir la clientèle provenant de différents milieux ethniques. C’est le début de l’histoire de Maison multiethnique Myosotis (1991). Graduellement, nous développons Myosotis et nous obtenons les premières subventions provenant du Gouvernement du Québec (SOC : Soutien aux Organismes Communautaires). Nous utilisons une approche thérapeutique interculturelle et souvent nous travaillons en langue maternelle du client. Notre petite équipe de thérapeutes donne le service en français, anglais, espagnol, grec, portugais, italien, polonais, russe et arabe ». Depuis l’an 2000, Maria Dudek est directrice de Myosotis. Elle partage son temps entre l’engagement de thérapeute, avec le don total que cela nécessite, et les responsabilités administratives.
Les choix de Maria Dudek, son engagement communautaire, trouvent dans leur expression une harmonie remarquable. Cette femme sereine, tenace, belle de cette compétence tranquille, déterminée, cherche et se situe dans la durée. Sa motivation : « À travers mon expérience professionnelle, j’ai pu ensuite ne pas seulement sentir, mais aussi connaître de près, beaucoup de difficultés et de problèmes vécus par les gens provenant de milieu ethnique, quelque soit leur âge, leur sexe, leur appartenance religieuse. J’ai été témoin de beaucoup de malheurs à cause de conflits familiaux déclenchés par le choc culturel, la perte de schémas de référence, la dépréciation des valeurs, la déconstruction identitaire et le dépaysement. De l’autre côté je savais quel est la prix de l’adaptation et de l’intégration. De combien de travail et de ressources internes il faut disposer pour arriver à faire certaines réalisations ou simplement atteindre un certain équilibre psychique ».
Sur ce qu’elle considère être ses principales réalisations, Maria Dudek est sobre, mais précise : « La création du centre MMM, ainsi que ma contribution à son développement restent pour moi une contribution très constructive et enrichissante. Cette réalisation à dimension sociale importante apporte beaucoup de bon sens à ma détermination et à ma persévérance. Je reçois souvent des réactions positives de mon travail sous la forme de satisfaction individuelle de mes clients ainsi qu’en termes de changements positifs dans leur vie. J’ai réussi à contribuer à l’engagement de d’autres personnes et, ensemble, nous avons créé une action communautaire utile, le mouvement AA polonais, et un groupe d’entraide ».
Maria Dudek mesure toute les subtilités et comprend de l’intérieur, à la fois le processus et le contenu du ciment, je dirais psychique et émotif, que les différentes composantes de notre société apportent à la construction d’une personnalité commune harmonieuse et tonique : « Sûrement que tous les efforts pour augmenter la compréhension mutuelle et développer la sensibilisation aux besoins des autres apportent de bons changements au niveau de la tolérance sociale et permettent une meilleure coopération capable de nous conduire à la création d’œuvres communes. Cela constitue un facteur très important pour la création de relations positives, prometteuses et harmonieuses entre la majorité et les communautés ethnoculturelles ».