Spécialiste de la biochimie, de la toxicologie et de la nutrition, Kheira Chakor a une formation académique remarquable : une maîtrise en sciences de la nutrition il y a 25 ans, dans le système universitaire français c’est un diplôme d’études approfondies (DEA) qu’elle a obtenu à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris, trois ans plus tard un doctorat de troisième cycle, toujours en nutrition et dans la même université et enfin, un Doctorat d’État ès Sciences en Biochimie-Toxicologie à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, il y a dix ans, diplôme qui en Amérique du Nord est un Ph.D.
Kheira Chakor a enseigné la biochimie des macromolécules à titre de Maître de conférence invitée à l’École supérieure de biotechnologie de Strasbourg, lieu de rencontre d’étudiants issus des différents pays d’Europe. Ses sujets de recherche tant à Paris qu’à Strasbourg : le métabolisme cellulaire et moléculaire des mycotoxines, des toxines secrétées par des moisissures ou des champignons microcospiques qui se développent sur les arachides, les céréales. Le sujet de recherche de son stage post-doctoral à l’Université du Québec à Montréal portait sur les agents anticancéreux et la multirésistance cellulaire.
Ce qui caractérise cette scientifique ce sont principalement les intérêts multiples qu’elle a pour les arts, la culture, une curiosité sans cesse renouvelée qui fait qu’elle est en mesure de s’exprimer sur l’actualité, de développer des points de vue solides et documentés sur la dynamique sociale, les relations internationales. Elle aime lire et découvrir, loin des éprouvettes du laboratoire et des équations ou des formules chimiques, l’histoire, la vie des peuples, la poésie, le théâtre, le cinéma. Elle réalise que sa motivation la plus significative ma curiosité scientifique et culturelle… mon souci constant a toujours été, encore plus aujourd’hui, la promotion de la science dans ses multiples applications biotechnologiques (agroalimentaire, santé, pharmaceutique, environnement). Les innovations et les prouesses de la science envahissent de plus en plus notre vie quotidienne.
Vulgariser et rendre le savoir accessible c’est l’obsession de cette enseignante amoureuse de la vie qui a un sens aigu de la solidarité. Il y a dix, en arrivant à Montréal j’ai découvert et pratiqué le bénévolat au Centre d’Études Arabes et du Développement (CEAD) où j’ai été membre du conseil d’administration et pris part à l’organisation du festival de films Images du monde arabe. Par la suite, j’ai aussi donné des conférences et tenu des stands d’information en nutrition et santé, pour le bénéfice de centres communautaires. Je constate un véritable engouement pour de telles activités, preuve de la maturité et du degré de conscience de la population vis-à-vis de la prévention et de la promotion de la santé. C’est à travers mes activités professionnelles que j’ai pu donner un sens à mon engagement social. Une autre application qui permet la vulgarisation du savoir, grâce aux articles que je rédige et aux conseils que je diffuse sur le site internet de mokasofa.com, je partage avec plus de personnes mes connaissances en nutrition.
Kheira Chakor est d’abord une scientifique, une universitaire avec tout ce que cela comporte, de nombreuses publications d’articles et de communications scientifiques, des charges de cours, des interventions à titre de conférencière, des articles dans des revues spécialisées et des liens avec les médias (radio, presse écrite); elle donne de la formation comme consultante auprès de coopérants. En somme, tant de compétence et d’expérience qu’elle est prête à mettre au service de notre société.
Mais, dans un contexte d’exclusion réelle sur le marché du travail où les analyses des composantes mettent en relief la bipolarisation des conditions : d’une part les professionnels et diplômés universitaires membres de la majorité chez qui le taux de chômage frôlent les 10% et d’autres part les professionnels ayant les mêmes diplômes universitaires mais qui sont membres des communautés ethnoculturelles, leur taux de chômage est souvent plus proche des 50%.
Bien que dans son domaine Kheira Chakor soit une des spécialistes les plus qualifiées, après dix ans de vie au Québec, avec la maîtrise de trois langues en plus, elle fait l’expérience pénible de la permanence du provisoire. Quand se mesure au particulier les effets dévastateurs de la discrimination, c’est collectivement que nous sommes interpellés afin que des injustices aussi flagrantes ne soient plus tolérées et que notre société puisse s’épanouir et bénéficier de l’apport qualitatif exceptionnel, dans de nombreux secteurs d’activité, de personnes qui comme Kheira Chakor sont arrivées au Québec avec le précieux bagage d’une formation supérieure complète.
Dépassant la dure réalité de la lutte du quotidien, un peu à l’image de Sisyphe, Kheira Chakor parle de son attitude : La détermination et l’engagement sont nécessaires pour lutter et conquérir le droit à l’identité citoyenne… C’est en libérant son esprit qu’on sera le plus apte, le plus réceptif à faire sienne les valeurs qui semblent correspondre le plus à nos attentes…On doit savoir valoriser sa culture, partager ses connaissances et son savoir-faire, libérer sa créativité, accepter de changer ses comportements et ses habitudes pour mieux participer à la vie sociale. Le principe de vie qui me guide est celui de la connaissance et du respect de l’autre, c’est dans cet esprit que s’inscrit la promotion de la science, éduquer afin que le savoir et la connaissance soient élevés au rang de valeurs.