«Donner un support aux nouveaux immigrants est important pour moi, c’est mon travail. »

L’air vif, la parole aisée illuminant un visage franc, Krisztina Bolvari avance dans la vie. Forte de cette énergie qui irradie des personnes qui ont inscrit dans leur chair le sens des valeurs et la dynamique de la détermination, elle explique son enracinement : «Je suis arrivée au Québec avec mes parents, à l’âge de 8 ans, je ne parlais ni français, ni anglais de même que mes parents. À cette époque, le gouvernement offrait aux nouveaux immigrants la possibilité d’apprendre les langues officielles du pays dans des écoles connues sous le nom de COFI(Centre d’orientation et de formation des immigrants), et mes parents ont appris les langues dans ces écoles».

Elle chemine professionnellement d’abord, composant son itinéraire au fil des expériences sur le marché du travail : «Après mes études en sociologie à l’Université de Montréal, j’ai obtenu un poste de responsable du service à la clientèle dans une compagnie qui mettait sur pied des logiciels éducatifs. J’ai voyagé à travers le Québec et les États-Unis pour apporter un support technique et faire connaître leurs nouveaux logiciels. Ensuite, j’ai débuté ma carrière chez Hydro-Québec, il y a maintenant onze ans, comme représentante au service à la clientèle. Durant ma carrière chez Hydro-Québec, j’ai participé à plusieurs projets, dont celui qui me tient toujours beaucoup à cœur, la sensibilisation des nouveaux immigrants aux différentes entreprises para publiques, comme Hydro-Québec. Mon rôle consistait à visiter les différentes écoles de francisation dans le but de présenter Hydro-Québec, notamment nos modes de fonctionnement, auprès des clients (la facturation, les modalités de paiement, le compteur d’électricité, etc) ».

Aux portes de la quarantaine, Krisztina Bolvari dresse déjà un premier bilan, une manière de mesurer l’atteinte des objectifs personnels tout en situant ses désirs intimes, car elle est mère de trois enfants : «Mon parcours à Hydro Québec m’a emmené aujourd’hui à être formatrice, j’offre des cours pour le service à la clientèle. Un des cours que je donne, est un cours de communication. Dans le cadre de ce cours, j’ai l’honneur de diffuser un volet sur la sensibilisation à la communication interculturelle. Même si je suis au Canada, à Montréal plus précisément depuis 31 ans, et que je me suis complètement intégrée à la société d’accueil, il demeure en moi que je suis hongroise. J’élève mes trois enfants à la façon européenne, même si mon époux est québécois. Nous considérons que nos enfants sont des « Hongro-Québécois ». Nous leur apprenons les manières de la culture hongroise et celles de la culture québécoise. Nous les avons emmené en Hongrie à deux reprises».

Le souci de vivre en harmonie avec son environnement, la soif de vérité, et un profond besoin de liberté l’habitent. Elle parle sans ambages de ce qui la motive : «Ma motivation consiste à rapprocher nos cultures, nos façons de penser afin de mieux nous comprendre. Même si nous venons de sociétés différentes, nous avons des valeurs fondamentales qui se rejoignent toujours. Il s’agit de démystifier de nombreux obstacles secondaires pour mieux se comprendre».

Enracinée dans un emploi qui correspond à ses aspirations profondes, Krisztina Bolvari y découvre et y réalise ce qui la gratifie vraiment. Au cours des années à venir elle va poursuivre son engagement social, comme citoyenne du Québec et qui a une ouverture sur le monde via ses origines européennes. Nous comprenons alors que sa fierté intime trouve une zone d’expansion légitime : «Les Hongrois sont un peuple qui s’intègre très facilement dans leur société d’accueil, autant au Québec qu’ailleurs au monde. Les relations sont faciles, étant donné qu’il y a beaucoup d’Européens au Québec et que l’écart de perception est très mince entre nous. Maintenant que la Hongrie est membre de l’Union Européenne, cela nous apporte une ouverture sur le marché mondial. Le Québec restera une société d’accueil très attirante pour les Européens à cause de sa grande ouverture sur tous les plans».