L’homme a un parcours cohérent et des réalisations remarquables. Il est demeuré souvent au-dessus des idéologies ou de certaines théories qui mettent l’accent sur la primauté des choix dans l’action politique en fonction des alignements partisans ou bien qui favorisent les réseaux d’influence dogmatiques et « politiciens » comme disait le général De Gaulle.
Né à Montréal, le 16 mars 1932, fils de Robert Marx (Markushevitz), tailleur, et de Miriam Rabinovitch, Herbert Marx a d’abord fait carrière dans les affaires de 1954 à 1964. Professeur en droit constitutionnel à l’université de Montréal de 1969 à 1979. Publia de nombreux articles et quelques ouvrages dans les domaines du droit constitutionnel, du droit social et des libertés publiques, dont : les Grands Arrêts de la jurisprudence constitutionnelle au Canada (1974), Droit et pauvreté au Québec (en collaboration) (1974), The Law and the Poor in Canada (en collaboration) (1977), Droit constitutionnel (en collaboration) (1982).
Élu député libéral dans D’Arcy-McGee à l’élection partielle du 26 novembre 1979. Réélu en 1981 et 1985. Ministre de la Justice et responsable de la Protection du consommateur et de la déréglementation dans le cabinet Bourassa du 12 décembre 1985 au 23 juin 1988. Solliciteur général par intérim du 30 juin 1987 au 23 juin 1988. Solliciteur général et ministre responsable de la Protection du consommateur du 23 juin 1988 au 10 août 1988. Ministre de la Sécurité publique du 10 août 1988 au 21 décembre 1988, date de sa démission comme ministre par suite de son désaccord avec le projet de loi 178 modifiant la Charte de la langue française. A démissionné le 30 juin 1989 et a été nommé juge à la Cour supérieure du Québec, poste qu’il occupe jusqu’à présent.
Dans son approche, comme personne mais aussi comme élu et au moment où il occupait des fonctions importantes dans le gouvernement du Québec, il a eu dans toutes les situations, le souci de servir le mieux possible les citoyens. Herbert Marx a choisi d’être utile non seulement en répondant le mieux aux besoins des personnes qui vivent les effets ou les impacts des lois, mais aussi avec la volonté d’améliorer les relations sociales. La promotion de l’être humain par des lois qui affirment la dignité des personnes et des règles qui formalisent et consolident les liens de confiance entre les justiciables et le législateur, ce qu’il qualifie lui-même de « dimension sociale », est au cœur de la réflexion et de son action politique.
Les intitulés de ses cours de droit, les nombreux syllabus et les enseignements qu’il a conçu, les conférences auxquelles il a pris part comme invité spécial, ses discours, témoignent de manière éloquente de ses convictions, de l’enracinement de ses engagements sociaux et de la vision qu’il a des droits, de leur exercice et des responsabilités qui incombent à ceux qui édictent et veillent à l’application des lois. Un ouvrage important qu’il a écrit au milieu des années 80, L’avenir de la justice au Québec a été reçu avec beaucoup d’intérêt par tous les analystes avertis du domaine du droit ainsi que par les médias et tous les militants des droits et libertés de la personne. Un souvenir marque encore les esprits, ce sont les propos de René Lévesque, propos admiratifs et plein de considération à l’endroit de Herbert Marx lors de la cérémonie officielle organisée pour marquer l’entrée en vigueur de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, l’ancien premier ministre a félicité le député de D’Arcy McGee pour la qualité et le contenu exceptionnel de son discours.
Comme ministre, il s’est préoccupé avec énergie et méthode de tout ce qui concerne les questions de violence conjugale et familiale, d’aide aux victimes d’actes criminels, de lutte aux drogues, de l’accès à l’égalité en emploi, des saisies abusives (réforme de la Loi Lacombe), de recouvrement des pensions alimentaires, des droits économiques des conjoints, d’élargissement au secteur immobilier de la protection accordée au consommateur. Herbert Marx a complété la réforme du Code de procédure pénale, poursuivi la réforme du Code civil et une mise à jour importante (droit de la preuve et de la prescription, droit privé international) de nos instruments et de nos cours (Cour unifiée du Québec).
Son œuvre, de professeur, d’éducateur du public et des institutions et son immense production d’auteur et de législateur, son palmarès d’élu et de titulaire de postes ministériels, représentent un apport significatif, global et de très haute qualité à notre développement comme société de langue française (il a étudié, enseigné et écrit en français tout le temps et continu de le faire). Cette contribution mérite une attention particulière car elle intervient au cœur de la période où nous avons collectivement inscrit notre différence, au moment où nous avons compris que nous devrions nous ouvrir aux différentes cultures qui nous enrichissent et nous propulsent vers l’avenir grâce à l’immigration et dans la période où nous sommes en train de bâtir une société différente qui s’enracine dans des valeurs communes d’égalité entre hommes et femmes, de respect de la dignité des personnes selon la proposition de nos chartes.
Pour un encadré :
Bachelier de l’université Concordia. Titulaire d’une maîtrise en littérature anglaise et d’une licence en droit de l’université de Montréal. Membre du barreau du Québec depuis 1968. Termina une maîtrise en droit à la Harvard Law School en 1969.
Publications
Les problèmes constitutionnels posés par la restructuration scolaire de l’île de Montréal (avec F. Chevrette et A. Tremblay), Éditeur officiel du Québec, 1972, 83 pages.
Les grands arrêts de la jurisprudence constitutionnelle au Canada, Les Presses de l’Université de Montréal, 1974, 761 pages.
Droit et pauvreté au Québec : documents, notes et problèmes (avec J. Hétu), les Éditions Thémis, 1974, 566 pages.
Une version plus courte a été produite en Anglais avec la collaboration de Irwin Cotler, chez Black Rose Books, 1977, 143 pages.
Droit constitutionnel (avec F. Chevrette), Les Presses de l’université de Montréal, 1982, 1728 pages.
Ainsi que de nombreux articles spécialisés sur les libertés publiques et sur la Constitution.