« Le politique s’inscrit pour moi dans une temporalité double : l’immédiateté de l’action et la pérennité de la mémoire. »
Alors, grecque? Je ne parle pas grec! En Union soviétique, on ne parlait pas grec… on ne parlait pas, c’est tout! D’ailleurs, qu’est-ce que je savais, moi, de ce grand-père égaré à Moscou en pleine Révolution d’octobre? Mais je ne suis pas anglo non plus, malgré 15 ans d’études… Ni franco! Dès que j’ouvre la bouche, ça s’entend que je ne suis pas du Lac Saint-Jean! Quoi, alors? J’ai l’identité ethnique en pleine crise! Entre l’ivresse et l’horreur d’être unique. Ça devient pas mal compliqué d’assumer ma propre complexité! Ce sont les propos de Helen Fotopulos, celle qui est actuellement membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, responsable de la culture et du patrimoine, présidente de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal et conseillère municipale du district Mile-End.
Rarement dans l’histoire d’une société moderne, une personne est en mesure d’incarner de nombreux idéaux civiques, avec autant de brio et d’énergie, un sens remarquable de la responsabilité civile et de l’engagement social et politique, comme le réussit si bien Helen Fotopulos. Elle agit, comme porteuse de la dynamique et de la complexité du vécu des citoyens les plus représentatifs d’une métropole, naturellement ouverte sur le monde, comme Montréal.
Helen Fotopulos est de son temps. Femme de tête et personnalité de la politique, elle est en mesure, alors qu’elle remplit son troisième mandat de conseillère municipale élue depuis dix ans, de présenter un bilan hors du commun dans l’atteinte des résultats et dans la réalisation d’un palmarès politique solide. Mme Fotopulos a, entre autres, été associée à la Déclaration de Montréal contre la discrimination raciale, au Programme d’équité en emploi de la Ville de Montréal et au Programme d’art public. Elle a aussi participé à la table de concertation de l’industrie du film de Montréal, elle est intervenue de façon proactive dans les débats sur la Grande bibliothèque du Québec, sur le Biodôme et l’ensemble des équipements scientifiques, ainsi que sur l’aménagement de plusieurs parcs municipaux.
Au faîte du contrat politique envers les citoyens, Helen Fotopulos a réussi une première. Elle aura, au terme de 2004, réussi à doter Montréal de ses premières politiques en matière de développement culturel et en ce qui concerne le patrimoine, deux domaines tissés par la création et la mémoire qui représentent les lieux de convergence et d’expression des valeurs, des cultures profondes et de l’histoire de la population d’une ville. En faisant cette révolution publique, tenir, et même dépasser les promesses électorales de doter la métropole de politiques structurantes et de vision, Helen Fotopulos a permis à des femmes remarquables de diriger des institutions d’envergure : le Conseil du Patrimoine avec Mme Lettocha, le Conseil des arts de Montréal avec Mme Danielle Sauvage, le Service du développement culturel de la Ville de Montréal avec Mme Rachel Laperrière.
Petite fille d’un grand-père, lequel fut un pilier de la communauté grecque issue de Constantinople, qui vivait à Moscou et qui a participé aux élans de la Révolution au début du siècle dernier, puis ensuite arrêté, exilé au Goulag et assassiné lors des purges de Staline en 1937, Helen Fotopulos, dont la mère est d’origine russe et la grand-mère d’origine polonaise, parle d’elle : « Depuis le début, avant même ma naissance, génétiquement parlant, je sens les conséquences dans la vie du monde ordinaire des grands mouvements politiques et humains. Et je ne vous ai pas parlé de ce qui s’est passé du coté de ma mère. C’est sûr que j’appartiens à mon époque, à Montréal. Tout mon cheminement est, à la fois, source et conséquence de mon intégration dans le temps présent – comme femme, comme mère, comme politicienne, comme démocrate. À compter du jour ou j’ai retracé mon histoire et les sources de ma quête, le politique s’est inscrit pour moi dans une temporalité double : l’immédiateté de l’action et la pérennité de la mémoire».
Il faudrait plus d’espace pour dévoiler l’aventure superbe de la vie de Helen Fotopulos. Par ses origines et son expérience, Mme Fotopulos a acquis une profonde compréhension des besoins des nombreuses communautés présentes dans la métropole. Au fil des ans, elle a apporté à maintes reprises un soutien actif à plusieurs groupes de citoyens pour la mise sur pied de projets communautaires, et ce, dans les quartiers les plus cosmopolites de la Ville. En témoignent avec éloquence, entre autres, la bibliothèque et le jardin communautaire du quartier Mile-End. « Nous sommes dans une culture métissée, mon engagement politique est cohérent avec ma vie de femme, d’enseignante, de responsable syndicale, de conseillère municipale. Je parle le russe, l’anglais, le français et je veux transmettre aux Montréalais et aux Montréalaises l’enthousiasme qui m’habite et la passion que j’ai pour notre ville».