La passion de l’enseignement du français
Directeur adjoint, par intérim, du Carrefour d’intégration du Nord pour le ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration du Québec MRCI, depuis l’an 2000, Carlos Carmona est le président depuis mai 2002, du conseil d’administration de l’Association québécoise des enseignants de français langue seconde AQUEFLS. Militant du français, langue qu’il enseignait dans son Chili natal dès 1971, Carlos Carmona raconte sa vie des trente dernières années comme un conte de fée : Depuis mon arrivée au Québec en mars 1974, j’ai toujours eu à cœur la défense du français, comme langue de communication. Pédagogue de formation (enseignement du français langue étrangère dans mon pays d’origine), j’ai été surpris par le fait que, dans mon pays d’adoption, j’avais la chance en or de pouvoir continuer à exercer, à quelques différences près, le même métier que j’exerçais dans mon pays d’origine, le Chili. L’excellent accueil que nous avons reçu des personnes et des institutions de la société québécoise a aussi été un élément indispensable pour que toutes mes actions professionnelles aillent vers la promotion et la défense du français. Ayant eu la chance en 1978 d’être embauché comme professeur pour enseigner au ministère de l’Immigration du Québec, aujourd’hui ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration, je me suis donné corps et âme pour transmettre aux nouveaux arrivants, non seulement les fondements de cette langue belle, comme dirait Yves Duteil, mais j’ai aussi essayé de leur transmettre quelque chose de plus fondamental, l’amour du français. Combien de fois, mes étudiants ont découvert, avec surprise, et à la fin d’un stage de 30 semaines, que je parlais espagnol, que c‘était ma langue maternelle. Surprise, parce que d’une façon systématique, j’ai toujours refusé l’utilisation de la langue maternelle dans le cadre de mon enseignement, et j’en suis fier.
Dans l’univers de la langue française au Québec, s’imposer, participer, apporter une contribution de qualité à la confection identitaire du moyen d’expression de la majorité quand nos origines sont ailleurs, c’est une prouesse dont Carlos Carmona est heureux. Du point de vue professionnel, je suis fier de la plupart de mes réalisations. Je me considère comme une espèce de pionnier pour les professeurs de français langue seconde d’origine chilienne.
En effet, j’ai été, pendant de longues années, le premier et le seul professeur d’origine chilienne à enseigner le français aux nouveaux arrivants. Et il ne s’agit pas seulement de leur apprendre le français. Comme je l’ai dit précédemment, il s’agissait de leur transmettre mon amour pour le français, mais aussi, de les accompagner dans leur cheminement en vue d’une intégration réussie à la société québécoise francophone. Des situations donnent la mesure de son engagement, comme celle vécue récemment lors du séminaire interaméricain sur la gestion des langues, organisé par le Conseil de la langue française du Québec : surprise chez les participants quand ils constatèrent que le représentant des professeurs de français du Québec était un Chilien de naissance.
Carlos Carmona occupe des fonctions de responsabilité au sein de l’Association des professionnels, techniciens et artistes chiliens du Québec (PROTACH) et il situe son action, le sens qu’il y voit, comme le lieu d’un engagement significatif : la réalisation la plus significative dans mes deux ans comme président a été de « démocratiser » une institution que beaucoup de Chiliens voyaient comme une institution à caractère élitiste. Voir des personnes issues de tous les milieux socio–culturels du Chili participer aux activités organisées par PROTACH m’a rempli d’orgueil et de joie. Récemment, et vers la fin de mon mandat comme président de PROTACH, j’ai eu l’occasion de participer activement à la venue du Ballet folklorique du Chili (BAFOCHI) qui s’est présenté devant une salle archi pleine, à la Salle Marie-Gérin-Lajoie de l’UQÀM. Les bénéfices de cette présentation ont été envoyés au Chili au profit de la Fondation d’orchestres juvéniles et infantiles du Chili.
Pour cet adepte de l’harmonie entre les composantes de notre société, l’avenir sera radieux : il me semble que les relations entre la société d’accueil et les Québécois d’origine chilienne sont vouées à connaître pas mal de succès. Traditionnellement, les Chiliens qui ont immigré au Québec font partie des immigrants qui, non seulement s’adaptent, mais qui s’intègrent harmonieusement à la société qui les a si bien accueillis. Dans toutes les sphères de la société québécoise, on peut trouver des chiliens qui ont réussi leur intégration. Du point de vue géographique, il est très difficile, voire impossible, de trouver une concentration de personnes d’origine chilienne sur l’île de Montréal. Des Chiliens d’origine, on en trouve de Pointe-aux Trembles jusqu’à Sainte-Anne-de-Bellevue, en passant par tous les arrondissements de la ville de Montréal. Par ailleurs, il me semble évident que les Québécois d’origine semblent apprécier les nouveaux Québécois d’origine chilienne. Dans toutes les activités organisées par PROTACH, nous pouvons remarquer la présence croissante des Québécois dits de souche.
Le licencié ès Lettres de linguistique de l’Université de Bordeaux III, diplômé d’état comme professeur de français au Chili, est en équilibre véritable entre ses aspirations et ses réalisations. Carlos Carmona conserve toujours cette verve de l’enseignant qu’il demeure malgré ses fonctions administratives et conserve surtout l’enthousiasme des optimistes qui caractérise sa façon d’être