Partout au Canada et souvent à l’extérieur du pays, bien sûr dans tous les lieux de décision du Québec, les responsables des entreprises et des principaux ministères, les hommes comme les femmes dont l’action comptent sur la marche des affaires, devraient connaître Danielle Debbas. Celles et ceux qui se situent dans la droite ligne de l’évolution de notre société savent de qui il s’agit. Diplômée en communication de l’Université du Québec à Montréal il y a un quart de siècle, Danielle Debbas s’est engagée à fond, d’abord comme journaliste, dans la bataille pour l’équité en matière d’emploi pour les femmes et, de proche en proche, elle a, comme une goutte d’eau dont l’impact se répand en cercles concentriques, gagné toutes les structures, du local à l’international, à son idée : une plus grande présence féminine à des postes de commande.
Combat sans répit d’une femme qui met son énergie créatrice dans un rayon où audace et compétence rivalisent sur un seul front, l’accès à l’égalité et, pour cette cause, elle invente à sa manière le droit d’ingérence dans les affaires, au cœur du noyau dur du pouvoir. Danielle Debbas défriche, à coups d’initiatives percutantes, les sentiers jusqu’ici gardés et aménagés au profit des hommes et qui servaient de rampes de lancement vers les sommets des pouvoirs sociaux, économiques, culturels et politiques.
Journaliste à Radio-Canada, elle fonde dès 1978 le magazine Féminin Pluriel, le premier du genre, entièrement consacré à la cause féministe, magazine à grand tirage (50 000 exemplaires) qu’elle dirige et dont elle assure la responsabilité rédactionnelle. Oeuvre titanesque quand on connaît la force foudroyante de l’exclusion dans le milieu des médias pour tout “corps étranger ” au sérail ! Dans une jungle où peu de personnalités féministes ont osé s’aventurer pour y développer des actions significatives et y inscrire la marque féminine, le monde “des affaires ”, Danielle Debbas devient chef de file et agit : elle fonde l’organisme FRAPPE 1985-1991 (Femmes regroupées pour l’accessibilité aux pouvoirs politique et économique), un groupe de pression et d’influence (300 000 $ de budget annuel, 4 employées permanentes et 20 bénévoles) pour une participation des femmes à la direction des affaires tant dans le secteur privé que dans le secteur public.
Aux yeux des sceptiques et comme témoignage, plutôt que preuve de la capacité des femmes à organiser, gérer, mettre au monde, elle démontre par l’exemple, le talent féminin supérieur pour faire des alliances et créer. Coup sur coup, en 1989 et en 1990; Danielle Debbas conçoit : Femmes de sommet, pour préparer les femmes à occuper des postes de cadre supérieur (900 000$ de budget et 5 employées) et organise à Montréal le Sommet mondial des femmes pour commémorer le 50e anniversaire du droit de vote des Québécoises (2000 participantes venues de 57 pays, 1 500 000 $, 10 employées, 200 bénévoles).
Comment se nourrit sa motivation ? Pour moi, j’ai besoin d’avoir une cause, je crois que je sers à quelque chose, que j’apporte quelque chose à la société, être utile socialement, alors je suis capable de déplacer des montagnes. Je crois fermement à ce que je fais.
Elle ne manque pas de réalisme et d’humour quant à ses principales réalisations : Pour moi arrivée dans un pays comme femme étrangère, faire ce que j’ai fait, créer un journal Féminin Pluriel, puis organiser FRAPPE et le Sommet des femmes, fut une formidable réussite. Moi qui étais la fille de mon père, le sœur de mon frère ou la mère de mon fils comme on dit au Moyen-Orient, j’ai réussi à me faire connaître et j’ai apprécié quand quelqu’un a demandé à mon père êtes-vous le père de Danielle Debbas ?
Que de chemin parcouru par la jeune fille du Caire qui réussissait en 1961 son baccalauréat français, option philosophie, élève du Pensionnat de la Mère-de-Dieu, devenue cofondatrice et vice-présidente du Regroupement des femmes entrepreneurs du Québec, vice-présidente du Conseil régional de la Fédération des femmes du Québec FFQ, vice-présidente du Regroupement des journalistes du Québec, membre du conseil d’administration de la Fédération des journalistes professionnels du Québec FPJQ, membre de l’Association internationale des journalistes de la presse féminine AIJPF. Danielle Debbas parle plusieurs langues, un des atouts que Montréal doit à ses citoyens venus d’ailleurs au monde, le Français, l’Anglais, l’Italien, le Grec, l’Arabe et l’Espagnol.
Celle qui fut (1991-1998) membre du comité organisateur du Global Forum of Women de Dublin (Irlande), Taipeh (Taiwan), Miami (États-Unis) et Londres (Royaume Uni), voit l’avenir des échanges et des relations entre les composantes de notre société, principalement entre les Québécois originaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et les immigrants de souche plus ancienne : Ce qui se passe depuis le 11 septembre 2001 est inquiétant pour toutes les personnes reliées de près ou de loin à la civilisation arabe, au monde islamique. Quelque part, les efforts faits au cours des décennies passées pourraient être anéantis; car il y a un stigmate terrible jeté sur les personnes originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les bombardements en Afghanistan créent plus, une certaine anarchie, et démontrent combien les différences culturelles sont immenses entre l’Amérique du Nord et le reste du monde. Il se trouve qu’une solution réelle et équitable à la crise entre Israël et ses voisins aurait un impact direct et positif sur le climat actuel.
Ces dernières années, depuis 1994, Danielle Debbas a été plus dans l’administration, comme adjointe administrative et responsable des communications au bureau d’un élu fédéral et, de 1996 à 1999, elle fut commissaire à la Commission de l’Immigration et du statut de réfugié.