Pendant douze ans, elle a été membre du Barreau d’Alger, de 1983 à 1995 (Algérie), alors que son expérience, elle l’a construite dans le domaine de la pratique. Déjà quatre ans auparavant, dès 1979, elle assumait la responsabilité de l’administration et du fonctionnement de la direction des affaires juridiques d’une grande entreprise parapublique qui monopolise la commercialisation des hydrocarbures. Elle développait ainsi ses compétences en contentieux d’entreprise. Dans sa pratique privée, Me Samira Salem représentait plusieurs compagnies nationales et des compagnies étrangères accréditées en Algérie, devant les sections et chambres commerciales et civiles des tribunaux algériens.
Elle a eu l’occasion de contribuer à la mise en place de solutions dans le dossier très médiatisé en France de la problématique de la double nationalité des enfants issus de parents mixtes (Algériens /Français) et la question de l’exercice de la tutelle de ces enfants en cas de rupture du lien conjugal des parents (conflit de lois en droit international privé) ; Me Samira Salem représentait aussi quelques avocats étrangers qui avaient des causes pendantes au niveau des tribunaux algériens.
Il y a six ans, pour les raisons que nous connaissons, la diplômée en Droit et Sciences juridiques de la Faculté de Droit de l’Université d’Alger (Algérie), diplômée aussi en Relations publiques et Communications de l’École internationale de Genève (Suisse), avocate connue, quitte le pays natal. Me Samira Salem est arrivée à Montréal au cours de l’été 1995 avec son conjoint et ses trois enfants. Immédiatement elle s’engage, enseigne le français aux nouveaux immigrants au centre communautaire de son quartier d’adoption. Après 6 mois, elle déménage et se rapproche du centre ville. Elle contacte alors le Centre des femmes de Montréal où elle travaille (1997 et 1998) principalement auprès des femmes nouvellement arrivées au Québec, pour leur fournir aide, appui et conseils nécessaires à leur processus d’établissement et à leur intégration, elle précise : Je vivais les mêmes problèmes que ces femmes vivaient, ce qui m’a motivé davantage au niveau de mon implication dans cette mission, et m’a encouragé à vivre ces moments difficiles qui sont le lot de tous les nouveaux arrivants.
Puis Me Samira Salem décroche un contrat auprès de SNC-LAVALIN comme consultante en formation. Elle organise et anime des cours et des séminaires au profit de jeunes cadres venus se former à Montréal. À la fin de son contrat, elle prend une décision qui va changer son parcours. Face aux nouveaux horizons personnels, elle va retrouver les bancs de la Faculté de droit à l’Université du Québec à Montréal, elle réussit son baccalauréat et puis c’est le Barreau, en 2001 elle en est membre et avocate une fois de plus : Les études de droit sont très exigeantes, je n’avais pas l’énergie des jeunes qui m’entouraient, mais je crois que j’avais plus de courage et de détermination, c’est ce qui m’a sauvé. C’était une très belle expérience, j’ai beaucoup appris, c’était très intéressant et je me suis fait beaucoup d’amis.
Son énergie, Me Samira Salem la renouvelle dans la succession de défis qu’elle se donne, malgré les difficultés. Elle puise une force étonnante, cette force maîtrisée qui caractérise les femmes d’Algérie, faite de ferme volonté et d’opiniâtre douceur face à l’adversité de la vie. Samira Salem est motivée par ses enfants : Mon retour aux études pour l’acquisition de mon permis d’exercice de la profession d’avocate se justifie aussi par un autre motif. Je voulais constituer une référence pour mes enfants (une image vaut mille mots) et pour l’ensemble des enfants de ma communauté à qui je voulais transmettre le message suivant : “ Il est possible de se refaire ailleurs et de réussir, c’est une question de volonté et de courage ”. Elle va plus loin dans son analyse : Psychologiquement, j’a senti comme un devoir de retourner à l’université pour comprendre les principes fondamentaux du système juridique de la société d’accueil afin de pouvoir m’en servir au profit de ma communauté et éviter à celle-ci de commettre des erreurs (parfois très lourdes de conséquences) et lui éviter de se faire condamner pour des infractions à des lois mal comprises.
Elle est membre fondateur de l’Association “ Enfants d’Algérie ” un organisme sans but lucratif qui vient en aide aux enfants en difficulté en Algérie, notamment des orphelins dont les parents ont été victimes d’actes terroristes. Me Samira Salem est aussi avocate bénévole au Centre culturel algérien, où elle rencontre des immigrants pour les guider et les conseiller notamment par rapport à leur statut juridique face à la loi sur l’immigration et aussi autour des questions liées au droit familial. Cette vocation d’aide, elle en fait un moteur de son action, participer à l’amélioration des conditions de vie de tous comme meilleur remède à cette vague latente de xénophobie qui est souvent subtile. Elle explique : Face à cette situation, je me suis sentie comme interpellée par ma communauté culturelle, j’ai alors éprouvé un sentiment “ bizarre” en ce sens que j’avais l’impression d’être la personne “la mieux placée” autrement dit, la personne sur laquelle reposait l’obligation d’aller chercher la compréhension des textes de loi. Devant la complexité des mécanismes juridiques du pays d’accueil et devant le questionnement de ma communauté face à ce système (les moyens matériels de la communauté ne permettent pas d’aller consulter un avocat pour avoir l’explication du contenu d’une loi), j’ai mis en place une adresse électronique qui permet aux membres de ma communauté de m’interroger virtuellement sur des questions qui les préoccupent pour les éclairer le mieux que je peux sur certains points de droit.
Le sens de ses actions, Me Samira Salem le trouve en elle, elle s’est donnée les moyens d’être plus active dans notre société, apporter un soutien à une participation plus effective des communautés ethnoculturelles à la construction d’un Québec cosmopolite et riche des apports de tous : À ce titre j’agis comme avocate bénévole auprès de ma communauté culturelle pour l’aider à réussir son établissement et son intégration à la société d’accueil, en l’informant sur ses droits et obligations, en lui assurant aide et appui par des conseils. J’essaye, du mieux que je peux, de faire profiter les nouveaux immigrants de ma propre expérience et des expériences vécues par d’autres immigrants afin de multiplier leurs chances de réussite. Pour Me Samira Salem, l’avenir des liens entres les communautés passent par l’intégration, c’est-à-dire, la dignité que confère le travail, un emploi qui ouvre les portes de la participation véritable à la construction de la société.