Depuis seize ans, ce jeune et brillant réalisateur qui débuta en dirigeant son entreprise Paperfilms Animation à Toronto, travaille dans la création d’œuvres d’animation et façonne de nouveaux espaces pour le déploiement de l’interactivité. De 1990 à 1996 Michael Fukushima est directeur du Studio d’animation à l’Office national du film du Canada à Montréal. En 1996, Michael Fukushima se rapproche plus directement de la création, il est réalisateur et responsable de l’animation au Studio de l’interactivité pour les enfants de l’Office national du film, bureau de Montréal.
Cet homme se dévoue entièrement à vivre en harmonie à un point tel que lorsque nous lui posons la question quant à sa motivation, sa réponse est immédiate: «Ma raison d’être dans le cadre de mon engagement communautaire et professionnellement en tant que réalisateur à l’ONF, se traduit en deux mots-clefs: l’accessibilité et le transfert de compétence (mentoring). Je me consacre à faire en sorte que l’avenir soit meilleur pour les personnes intéressantes et créatives. Je fais tout pour les aider en mettant des moyens à leur disposition afin qu’ils puissent donner toute leur mesure». Il est très explicite en ce qui concerne le volet communautaire de son action:«En 1988 quand il y a eu l’entente sur la reconnaissance historique des dommages fait à la communauté japonaise par le Canada, un moment important de transition venait modifier la dynamique de notre communauté. Cette entente s’est traduite par un Fonds compensatoire du gouvernement canadien versé à la communauté canadienne japonaise. Cela nous a permis de mieux nous prendre en main et de produire un modèle pour toutes les autres communautés qui veulent obtenir la reconnaissance publique des injustices historiques vécues par leurs membres. Le rôle de ma communauté a été de relever le défi afin de créer des possibilités pour les chefs de file des générations montantes».
Professionnellement, Michael Fukushima est cohérent, «Mes objectifs professionnels sont similaires à mes objectifs sociaux, d’abord faire disparaître la perception que l’ONF est un milieu fermé. Mon travail consiste à donner des chances aux artistes qui sont créatifs, qui ont du talent et des idées, ils doivent pouvoir s’exprimer à L’ONF. Mes réalisations ont permis de faire en sorte que nous produisions des films qui ont gagné des trophées qui ont fait la réputation de l’ONF, au Canada et sur la scène internationale. Nous avons ainsi bâti l’excellence en matière de création sur un patrimoine construit pendant 60 années. Je suis un contact pour les personnes des minorités qui veulent découvrir l’Office national du film».
Depuis 1988, Michael Fukushima est président pour la section québécoise de l’Association nationale des canadiens japonais et membre de l’exécutif national de l’association. Il dirige le Fonds national de développement de l’association, il est aussi le co-fondateur du Réseau des artistes d’origine japonaise de Montréal NAN (Nikkei Artists Network in Montreal), il siège sur le comité de direction du Bulletin mensuel du Montreal Japanese Canadiian et il a été membre du comité canadien d’évaluation de l’année de l’Asie Pacifique.
Il s »exprime sur la communauté japonaise de Montréal « J’ai réussi, je pense à assurer que, pour une communauté relativement petite (2500 personnes), nous ayons un taux d’activité qui fasse que nous sommes présents sur la scène publique et que nous sommes reconnus, au quotidien, pour ce que nous faisons et pour notre sens de la loyauté et notre engagement qui font que nous atteignons nos objectifs. Notre communauté est en profonde mutation. 94% des unions se font désormais avec des personnes non-japonaises. Cela signifie que sous peu, nous ne pourrons plus nous identifer sous le couvert de l’appartenance ethnique, mais nous allons plutôt le faire en fonction des réseaux que nous créons et de la pertinence même de notre communauté. Ainsi nous devrons sans cesse nous remettre en question afin d’actualiser notre identité ». Son analyse est tout de même gonflée d’optimisme : « Depuis 1949, nous sommes perçus comme une communauté modèle, bien intégrée, très mobile, matériellement avantagée. Cela ne devrait pas changer dans un futur proche si nous continuons à ne pas dormir sur nos lauriers. J’espère que nous continuerons à être reconnus pour notre engagement social et communautaire, mais encore pour notre intégration dans la société et notre tolérance ».