Elle est vêtue d’un ensemble conçu pour elle, pantalon ample d’acrobate, haut en bogolan malien, aux volants unis noirs agrémentés de bijoux en cuivre et métaux ocre, rouges, en guise de ceinture, comme un collier de taille. Chaussures de fée, souples, noires, élégantes et pratiques aux pointes fines car elle danse avec une telle agilité, en sauts et bondissements semblable `une tigresse de Bengale. Dobet Gnahoré chante d’une voix chaude, ample, riche, veloutée et, pour son jeune âge (26 ans), elle vibre d’un timbre d’une maturité si dense, qu’elle ajoute même à son allure conquérante, l’aura d’une diva dans la majesté de l’expression. Telle est la mystérieuse fibre dont est constituée cette artiste panafricaine qui allume un feu sacré sur son passage. Les propos résumés dans le quotidien Le Monde, en 2007, « Bouillonnante, regard habité, timbre persuasif, corps possédé par le rythme: Dobet Gnahoré, 24 ans, possède sur scène une présence conquérante. » . Après Ano Neko, un premier album remarqué en 2004, c’est le 8 septembre dernier (2007), pour la toute première fois au Canada, au Kola Note, que la jeune chanteuse ivoirienne présentait son deuxième album, Na Afriki. Avec une formation panafricaine composée d’un tunisien à la basse, d’un ivoirien aux percussions, d’un sud-africain aux voix, et de Colin Laroche de Féline, son époux français à la guitare, le spectacle de Dobet recevait du public impatient de l’écouter, un accueil plus chaleureux que jamais! Cette fois elle est présente avec Colin Laroche de Féline, son époux français à la guitare, Hamid Gribi, d’origine tunisienne à la basse et aux voix, il chante si superbement aussi en solo certains morceaux qui enchantent le public et le percussionniste ivoirien dont le style à la batterie ravit tout le monde.
Ce mardi 8 juillet 2008 (8-7-8), le Kola Note est en extase face à ce quatuor d’artistes hors pair sur scène. Quel son, quelle coordination, des voix riches en soutien et en coopération harmonique sublime. Une démonstration de haut niveau du génie des muses africaines : chant profond, enraciné dans les traditions. Lorsque Dobet chante en bambara, en mina, en lingala, en baoulé, en malinké, en bété, en wolof, en fon et en français; lorsque d’une époustouflante dextérité elle passe de la sanza au hudu, du balafon aux bongos, ou de la calebasse au djembé; et lorsqu’elle s’exécute sur ses mélodies mandingues, ses ballades sénégalaises, ses cadences bétés, son ziglibiti ivoirien, son bikutsi camerounais, sa rumba congolaise, son highlife ghanéen, ses chœurs zoulous ou pygmées; sur tous ces rythmes traditionnels africains réinventés et voilés de jazz, de bossa-nova, de funk, de rock et de rap-jazz, c’est son être tout entier de panafricaine convaincue qui prend feu. Dobet est l’ambassadrice atypique d’une nouvelle génération de stars dont le souffle puissant, et l’énergie musclée, avec la musique dans le sang, capable d’enflammer toutes les scènes. Elle nous fait aussi goûter à des moments d’intense intimité qui nous emportent aux confins de ses sentiments. C’est au plus profond du sol et de son âme, qu’elle semble puiser cette force incroyable et attachante. Une force peu commune qu’elle propage autour d’elle et qui atteint le public au point qu’il ne puisse résister. Tous, en transe, nous finissons par nous lever, en frappant dans nos mains, en dansant avec elle… Ivresse d’un instant à ne pas manquer! Échanges avec le public, mots du cœur et mélodies où sont évoqués les « pillage », « la mère Afrique », « la mère émotive et affective », « l’or du continent », « les politiciens fossoyeurs et profiteurs », les compositions se succèdent, deux sets de cinquante minutes. Une soirée qui file tant l’enchantement est constant. Danses de tous les exploits, sauts dans l’espace et traversées des cultes et des cultures. Dobet est reine souple, unique et sans cesse renouvelée. Style de grâce et d’énergie, souvent loin de la féminité, mais affirmé dans la force expressive qui transcende les genres. Pour nous confirmer sa perspective, elle nous confie : « Je ne suis ni française, ni anglaise, ni même ivoirienne. Je suis africaine et métisse de toute façon ! Ma mère est ghanéenne, mon père ivoirien. J’ai grandi dans un village panafricain. ».