Le chanteur et musicien Enrico Macias, qui avait participé aux Francofolies de Montréal en 2005, a occupé les planches au cours du premier week end de novembre au Théâtre Olympia avant de transporter son spectacle à Saguenay, Sherbrooke, Québec et Gatineau, où il a retrouvé là-aussi ses amis.
«Au Québec, a soutenu Macias, je trouve la chaleur des gens, une hospitalité unique. Malgré le climat froid, les gens ont le cœur très chaud.»
L’artiste engagé qui a composé des centaines de chansons dont 700 qui font le tour des cœurs et que les lèvres de millions d’humains redisent au fil des saisons de la vie. Sur scène, son lieu de prédilection, il a offert ses incontournables, mais aussi ses récentes créations dans un spectacle de plus de deux heures.
Nous avons, du début du spectacle à la dernière note, accompagné sa voix et mêlé les nôtres, nous étions un millier, aux accents toniques, mélodiques et aux sons des instruments qui vibrent au rythme des cœurs : mouvements des corps, danses des âmes, souvenirs et cadences ancestrales. Un immense soleil, celui qui auréole le visage de l’artiste universel, nous baignait de sa lumière, celle des régions oranaises et des coteaux algériens, enracinement identitaire et ouverture aux réalités de nos mondes en mutation, aujourd’hui.
«Je chante et je continue toujours à écrire. La création pour moi, c’est primordial», ajoute l’artiste né en Algérie il y a près de 71 ans, avant de déménager en France au début des années 1960. Homme de convictions, généreux, rayonnant, bien qu’il ait vécu des mois difficiles et des épisodes terribles, sa santé lui ayant donné du fil à retordre, selon ses mots sur scène, Enrico Macias explose de vérité et d’amitié.
De sa génération et de toutes celles, instruites et amoureuses, qui suivent, la salle vibre au moindre mot du poète de Constantine. Soutenu par six musiciens dont quatre sont issus de sa ville natale, instruments berbères et paroles en arabe, en hébreux, en français, en espagnol, c’est dans le langage du cœur qu’il communique avec un public conquis qui dialogue à cœurs ouverts. Enrico, comme lui crie hommes et femmes, jeunes, doyennes et doyens ; est parmi les plus grandes stars que l’Afrique a comme ambassadrices d’une culture forte de sa diversité et de son enracinement dans les valeurs humanistes et spirituelles.
Au creuset où convergent les faisceaux de la création, celui qui est désormais connu comme le mendiant de l’amour, apôtre de la paix, tient un discours rassembleur et n’hésite jamais à promouvoir l’ouverture, tout en dénonçant le racisme. «Je ne suis pas du tout pour la ghettoïsation des cultures. Il faut que les cultures s’échangent et soient ouvertes à tout le monde. Dans mes spectacles, je réunis tout le monde. Ou oublie tout, la politique, les problèmes», poursuit l’auteur, le compositeur et l’interprète.
Beyrouth, C’est Ca L’amour, C’Est Du Soleil, C’était Le Bon Temps, Cela Nous Aurait Suffi, Chanter, Cœur D’Enfant, Constantine, Deux Ailes Et Trois Plumes, Dis-Moi Ce Qui Ne Va Pas, Écoute Ma Voix, El Porompompero, Enfants de tous pays, Générosité
Istikhbar, Istikhbar Rahaoui, J’ai peur, J’Ai Toujours Beaucoup D’Amour A Donner
Juif Espagnol, L’ami Fidele , L’amour C’est Pour Rien , L’oriental, L’oriental On M’appelle L’oriental, La Casa Del Sol, La femme de mon ami, La France De Mon Enfance, La Méditerranée, La Vie Populaire, Le Chanteur De La Famille, Le Grand Pardon, Le mendiant de l’amour, Le Violon De Mon Père, Les millionnaires du dimanche
Malheur à celui qui blesse un enfant, Mon Ami, Mon Frère, Mon Chanteur Préféré
Mon cœur d’attache, Noël à Jérusalem, Non, Je N’ai Pas Oublié, Oh Guitare Guitare
Oranges Amères, Ouvre Ta Main Et Donne, Poi Poi Poi, S’il Fallait Tout Donner
Solenzara, Toutes Mes Chansons, Un Berger Vient De Tomber, Un Grand Amour,
Valse Billah, Ya Hamami, Ya Rayah.
Ce sont une cinquantaine de chansons, textes dits en totalité ou alors, enchaînement sous forme de Medley, que nous avons chanté avec monsieur Macias, chef d’un orchestre : oud, guitares, derboukas, tambours, accordéon, basse, flûte et violon, et d’une chorale que toutes et tous nous avons fait surgir dans la salle antique du théâtre Olympia sur la rue Sainte-Catherine. La musique arabo-andalouse a une bonne place dans ce spectacle, accords de guitare, percussions africaines, valses et mélodies radieuses, Enrico est aux anges, berger et nomade de l’amour qui luit comme un sage au regard d’argent, aux cheveux d’un gris moiré de rayons infinis qui conduisent au royaume de la musique.
«Je veux réunir l’Andalousie des juifs, des chrétiens, des musulmans, en harmonie», nous a rappelé le chanteur, comme pour s’assuré de notre coopération, il a fait un tour d’honneur dans la salle à la mi-temps du spectacle qui s’est poursuivi d’une traite. Mais conscient qu’il y a des moments difficiles et des tensions sur la planète, Enrico Macias se décrit comme un «éternel optimiste», notamment quand on l’interroge sur un règlement possible de la question palestinienne. «Je crois que la finalité est merveilleuse pour le monde. Aujourd’hui, on parle des changements climatiques, de la nature, mais il faut aussi s’occuper des autres créatures. C’est comme ça que l’on pourra refroidir la planète et réchauffer les cœurs», proclame l’artiste.
Les rappels se sont succédé. Enrico a ensuite pris congé de l’orchestre et, seul sur scène, nous a parlé directement de ses souhaits de paix, chantant a capella et nous avec lui en contre-voix. Nous sommes repartis, légers, animés par cette foi dont la richesse est la mesure de l’amour partagé.
Par ailleurs, notons que l’humoriste Gad Elmaleh, un habitué du Festival Juste pour Rire, a été de passage au Théâtre St-Denis cette fois pour la présentation de son spectacle Papa est en haut. Le mardi 10 novembre 2009, le Festival Séfard a rendu hommage à l’auteur-compositeur et interprète Félix Gray dans le cadre d’un gala où des artistes ont fait un survol musical de ses œuvres, Sherazade et Don Juan. Pour la première fois depuis un demi-siècle qu’il existe, Le Festival Séfarad s’est déroulé presque en même temps (du 30 octobre au 15 novembre 2009) que le Festival du Monde Arabe de Montréal qui célèbre ses 10 ans d’existence cette année.
Pour un encadré mis en relief
Enrico Macias
Né en Algérie (Constantine) dans une famille juive, Gaston Ghrenassia, s’exile en 1962, quelques mois après que son oncle musicien, Cheikh Raymond Leyris, a été assassiné. Instituteur passionné de musique, le futur Enrico fait des petits métiers en arrivant en France, chante ses premiers couplets (comme le firent Dalida et Charles Aznavour) aux terrasses des cafés
Après son passage en octobre de la même année (1962), dans l’émission Cinq colonnes à la une (comme invité d’un reportage sur les « pieds-noirs »), il devient du jour au lendemain une vedette.
Son premier album sort en 1963, avec un titre phare : Enfants de tous pays. Le cœur meurtri, la voix ensoleillée, les « lai, lai, lai » incitant à reprendre au refrain, Enrico Macias va devenir à mots simples le chantre de la paix et de l’amour par-delà les frontières, menant une carrière internationale exceptionnelle jalonnée de chansons comme Malheur à celui qui blesse un enfant, Aimez-vous les uns les autres ou Un berger vient de tomber
Nommé par l’ONU « Chanteur de la paix » en 1980, puis « Ambassadeur itinérant pour promouvoir la paix et la défense de l’enfance » en 1997, il renoue brillamment avec la musique arabo-andalouse (après avoir curieusement dédié un album à Johnny Hallyday, Et Johnny chante l’amour, avec l’aide de l’auteur Didier Barbelivien) et relance de façon inattendue sa carrière.
Réalisé par son fils Jean-Claude, l’album Oranges amères de 2003, écrit avec Jean-Loup Dabadie, Eric Estève et Art Mengo, lui apporte à 65 ans un succès et une estime quasi unanimes.