Née au Liban, Abla Farhoud a immigré au Canada dans les années cinquante. Actrice dès l’âge de dix-sept ans, elle écrit sa première pièce de théâtre en 1982, et n’a pas cessé depuis. Onze pièces de théâtre, des nouvelles, des fictions radiophoniques, des conférences et un roman, Le bonheur a la queue glissante, l’Hexagone 1998. Splendide Solitude, son nouveau roman est sorti en octobre 2001 à l’Hexagone. Plusieurs de ses pièces ont été présentées sur les scènes montréalaises ainsi qu’en France, en Belgique, en Côte d’Ivoire, au Liban, et en langue anglaise, aux États-Unis et au Canada. Le bonheur a la queue glissante : Prix France-Québec 1999 ; Les Filles du 5-10-15¢ : Prix Arletty France 1993 ; La Possession du Prince : Prix Théâtre et Liberté de la SACD, France 1993. Ainsi est présentée cette femme de l’écriture.

Abla Farhoud fait corps avec l’écrit, elle y trouve sa respiration et son engagement est totalement tourné vers cette activité salvatrice et essentielle à son existence. Sa réponse est directe : J’écris. L’écriture est un engagement de chaque instant. L’engagement d’une vie entière. Je le fais pour moi, bien sûr, car je ne pourrais pas vivre sans poser de questions et tenter d’y répondre, sans inventer des personnages de fiction pour mieux comprendre la réalité… mais l’écriture n’existe pas tant qu’elle n’a pas touché L’AUTRE.

En vingt ans d’expression par l’écrit, Abla Farhoud centre le noyau de ses réalisations et le sens de ce qu’elle fait : Depuis 1982, j’ai écrit une douzaine de pièce de théâtre et deux romans. J’écris pour comprendre. Pour saisir l’insaisissable… J’essaie d’aller toucher ma douleur (et ma joie de vivre) pour que L’AUTRE en me lisant puisse toucher à la sienne. Quand cela arrive, c’est merveilleux, et ça arrive de plus en plus souvent…

Dans son livre le plus récent, Splendide Solitude, elle écrit sur les dernières pages : Ce que j’appelle solitude se précise de plus en plus, depuis que j’ai résolu de la voir en face. Ce que j’appelle maintenant solitude est un délabrement des sens, un démembrement du corps, un éclatement du cerveau, une désorientation des organes, une appartenance perdue, une déconnexion terrestre, une perte de sens, une dislocation des liens, un enterrement du vivant. Je deviens non seulement étrangère à moi-même, mais à tout ce qui s’appelle Vie.

Abla Farhoud, écrivaine, parole singulière et femme qui se définit dans l’espace des liens, de la relation interculturelle, elle fait le pont, met en contact : Je suis une courroie de transmission.
Petite, j’expliquais la société occidentale à mes parents. Moi, je vivais dedans, eux, à l’extérieur, tout occupés à vivre leur vie d’immigrants dépossédés de ce qu’ils avaient connu. Ils ne voyaient que l’extérieur, l’apparence, la différence. Plus grande, j’écris en français, non pas pour mes parents, mais pour ceux qui nous ont accueillis, qui, tout comme mes parents, ne voient souvent que l’extérieur, les apparences, la différence… tout occupés à vivre leur vie. J’essaie de faire le passage entre le visible et l’invisible, l’extérieur et l’intérieur, la différence et la ressemblance…
La littérature permet de saisir la dimension humaine des êtres. Noir ou Blanc, homme ou femme, Oriental ou Occidental, quelle importance, ne sommes-nous pas tous des humains, des mortels
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