Porter le poids du monde
Je viens de me lever, 5 h 00 du matin, et j’ai l’impression après une nuit en dents de scie, côté sommeil, d’avoir tout au long des moments de conscience, ressassé dans ma tête tous les aspects de mes responsabilités.
Responsabilités parentales, la planification des divers aspects de la vie domestique. Les prévisions financières et les besoins d’épargne qui permettent de faire face, le moment venu, aux exigences des frais de scolarité du collège privé pour celle qui étudie au secondaire. Elle a estimé que suivre les traces de son frère qui a étudié dans ce collège car il était Petit chanteur du Mont-Royal, serait la meilleure façon pour elle de mettre toutes les chances de son côté. Mais aussi, payer les études du grand frère qui est depuis deux ans à l’université McGill, études en Développement international. Pour les deux nous avons voulu que la priorité soit maintenue, les études d’abord, pas plus d’expérience du marché du travail que pour gagner de l’argent de poche, que des honoraires de gardiennage ou alors des allocations pour des horaires de fin de semaine comme occasionnel dans des entreprises de service ou des mandats précis réalisés en travail à distance via internet ou au téléphone. Investissement important pour que les enfants puissent consacrer l’essentiel de leur énergie aux études, aux engagements qu’ils ont tous les deux. Les deux plus jeunes encore aux études, leur grande sœur âgée de 28 ans est journaliste et travaille pour le Groupe TVA, au service des programmes de culture et variétés de la télévision; au niveau du bénévolat, des participations à des activités de solidarité internationale, de développement et d’aide via la coopération.
Responsabilités personnelles quant au devoir professionnel, les détails de tous les dossiers dont j’assume la responsabilité et pour lesquels je mesure d’abord combien je donne le mieux afin que les citoyens soient satisfaits au maximum. Je vis mon emploi, mes fonctions comme un service aux citoyens, apporter un soutien aux administrations locales qui gèrent l’offre de service, qui agissent dans la sphère de proximité, qui sont en première ligne : habitation, développement social, transport, infrastructures dont l’eau et les voies de circulation routières, culture accessible (bibliothèque et arts), sport, loisirs, taxation foncière, sécurité publique, incendie. Dans tous les secteurs et pour les milieux de vie, le municipal est le lien privilégié de médiation avec la majorité, avec les institutions, les valeurs à transmettre, les connaissances et les pratiques nécessaires à une participation pleine et entière à la vie de la société.
Responsabilités comme membre de la cellule de base de la famille, conjoint dans un couple et aussi élément d’une famille plus large, fils, frère, oncle, cousin, parrain, beau-frère etc. J’envisage secrètement les sensations et aussi les responsabilités, que j’entrevois douces, de futur grand-père. Cette sphère de responsabilité est en perpétuelle évolution, la courbe de vie comme conjoint se définit aussi en fonction des changements de l’environnement. Créer, donner aux enfants le contenu de l’héritage affectif, intellectuel, psychologique, social, ancestral et familial. Ensuite, constituer l’essentiel des références et éduquer, former, apprendre l’évaluation, l’exercice du jugement, le discernement, les comportements nécessaires à la cohabitation publique et à la cohésion sociale.
De manière continue, se développe le lien fait de générosité avec eux, cette fusion qui dans l’imperceptible lie les cœurs et les esprits des parents aux enfants en une harmonie ou en un bouillonnement créateur de nouvelles synthèses que les êtres libres et autonomes qu’ils sont, deviennent de nouveaux responsables sur les chemins de la vie.
Responsabilités encore comme être qui aime, comme être aimant et aimé, personne qui a un besoin de partage des sentiments, d’échange d’émotions, de solidarité profonde autour des fondamentaux, des valeurs essentielles : respect, liberté, amour, générosité, dignité et fierté dans une égalité et avec responsabilité. Aimer chaque jour, partager tous les moments de la vie, vivre en confiance avec la tendresse qui met de la souplesse dans les rapports qui peuvent se tendre. Aimer dans la tempête, dans la tourmente que causent les erreurs, dans les tensions souterraines ou explosives qui minent le capital conjugal, aimer dans les divergences d’appréciations et d’évaluation des situations, des personnes, des réalisations, enfin aimer pour et grâce à l’art, amour de la liberté d’aimer, aimer pour créer la folie, vivre la passion, dépasser les contraintes qui naissent d’un monde où hors du profit et des intérêts, pas de salut.