Les rythmes de Tindouf avec El Naïlia
20 Novembre 2007
Venu tout droit de Tindouf, le groupe El Naïlia participe pour la première fois à un festival international en Amérique du Nord.
Les rythmes musicaux et les danses d’El Houl ont envahi la salle de spectacle «Le Corona» de Montréal, le 31 octobre dernier lors du concert du groupe algérien El Naïlia. Venus tout droit du désert de Tindouf, Kheira Belekhal et son ensemble se sont produits pour la première fois en Amérique du Nord, à l’occasion de la huitième édition du Festival du Monde arabe de Montréal 2008.
Accompagnée des tazoras (percussion proche du t’bal moyen-oriental), du luth, d’une guitare électrique et des ses chanteuses et danseuses, la formation El Naïlia a offert un spectacle intimiste et plutôt dépaysant au public montréalais lors de l’inauguration du cycle des soirées algériennes du festival. Assises sur de petits coussins, avec pour seul accompagnement un luth, une derbouka, des tazoras et leurs mains, El Naïlia a offert une envoûtante prestation, rappelant les rythmes des Hauts-Plateaux et du sud de l’Algérie. Les mains et les pieds noircis par le henna et habillées de vêtements traditionnels, les danseuses du groupe ont rythmé la musique des danses de leur lointaine Algérie.
Héritée de sa grand-mère, la musique d’El Houl prend beaucoup de place dans la famille de Kheïra Belakhal. C’est en effet sa tante qui, en 1977, a incité Kheïra à se joindre à cette formation musicale, que sa grand-mère avait elle-même fondée en 1965. Sa fille et une autre famille de Tindouf forment maintenant le groupe El Naïlia.
Selon Kheïra Belakhal, El Naïlia demeure probablement le dernier groupe à représenter réellement la culture de Tindouf. «Les autres groupes ont été très influencés par l’Occident et le Maroc», explique-t-elle. C’est donc avec la gérante du groupe, Karima Bougherara, que la leader d’El Naïlia essaie de créer une nouvelle tendance pour relever la culture traditionnelle du Sud algérien, et faire contrepoids à la musique raï, actuellement très populaire. «La musique traditionnelle ne remplit pas les salles actuellement. (…) Le raï s’est imposé à Tindouf. Nous avons donc arrêté de nous produire dans les mariages et les autres fêtes où nous avions l’habitude de jouer pour ne pas entrer dans cette veine. Nous sommes allés jouer ailleurs pour que les gens du sud se rendent compte que cette musique est appréciée.»
Si le groupe se produit pour la première fois en Amérique du Nord grâce au Festival du Monde arabe de Montréal, il n’est cependant pas à ses débuts sur la scène internationale. En effet, la formation El Naïlia s’est fait connaître à plusieurs festivals et rencontres dans le Monde arabe et en Europe. Elle a participé à la Rencontre de femmes créatrices en Grèce en 1998, au festival de musique traditionnelle en Mauritanie en 2002 en plus de se produire en France en 2003 et à l’Année de l’Algérie en Italie en 2005. Cette entrée sur la scène musicale nord-américaine est cependant très importante pour le groupe. «C’était très important de venir à Montréal, C’est un pas énorme de venir en Amérique du Nord. Cela peut nous ouvrir beaucoup de portes. Nous sommes d’ailleurs déjà programmés à Montréal pour l’été prochain» explique Kheïra Belakhal. Le groupe donnera également un spectacle pour la clôture d’«Alger, capitale de la culture arabe 2007», en décembre prochain et dans plusieurs khaïmas de la ville.